Histoire

ROUSSET-LES-VIGNES

(Castrum de Rosseuf, 1214)

Rousset, village médiéval de caractère, jadis dominé par les seigneurs des Alrics, est un régal pour les amoureux d’architecture et  de patrimoine : des tours centenaires, des balcons encorbellés, des fenêtres à meneaux, deux châteaux, un prieuré, une église, une chapelle perchée,  avec en prime des ruelles pittoresques fleuries, des jardinets, des treilles, et un festival de roses trémières. Les 1500 hectares de la commune abritent 350 hectares de vignobles mais également le toit de la Lance qui culmine à 1340 mètres.

 

Un peu d’histoire :

Entre le Xe et le XIe siècle, des moines bénédictins de l’abbaye de Saint-Pantaléon construisirent à Rousset un prieuré et un oratoire, sous la dénomination de Sainte Marie-Madeleine. Mieux placé que Saint-Pantaléon car perché et adossé à la montagne, mené par des religieux habiles qui développèrent son influence, le prieuré fixa autour de ses murs une petite agglomération qui s’entoura de remparts. La sécurité instaura la confiance. Aussi,en 1385, lorsque Saint-Pantaléon fut attaqué et entièrement rasé par les troupes de Raymond de Turenne, les survivants se réfugièrent à Rousset. Le village étant mieux protégé, les pillards furent repoussés. Les Saint-Pantaléonnais demeurèrent plusieurs dizaines d’années à Rousset, contribuant par leur présence à accroître la richesse du bourg. C’est vers cette période que se bâtirent la plupart des belles demeures de Rousset. A cette époque également, un prieur plus épicurien que ses pairs fit aménager la demeure quasi seigneuriale qu’est l’actuel prieuré. Au début du XVIe siècle, avec un relatif retour au calme, Saint-Pantaléon regagna sa plaine et se rebâtit mais fut dévasté par le baron des Adrets au début des guerres de religion. Ses habitants remontèrent alors à Rousset (devenu enclave papale en Dauphiné) profiter de la protection du Pape, de ses représentants armés et de ses murailles. Les deux villages formèrent une seule communauté jusqu’en 1747 où Saint-Pantaléon récupéra son autonomie après de longs procès. En 1791, Rousset fut rattaché à la France et perdit son statut de terre papale.

 

Le village actuel :

Beaucoup d’éléments du village originel sont toujours présents : les châteaux, le prieuré, l’église, des maisons «Renaissance», la porte fortifiée jouxtant le château des Alrics3

Au fil des années, le village s’est laissé doucement descendre vers la plaine en transformant l’ancien contournement des remparts en grand’ rue (actuelle rue des Dauphins), dans laquelle la plupart des portes sont ouvragées et ornées d’un heurtoir. Au bout de cette rue, au pied du cimetière et de la place des Auches, se trouve l’ancienne chapelle Saint-Sébastien. Cette chapelle ne fut jamais un lieu de culte. Elle a été construite lors des épidémies de peste, grâce aux vœux que certains faisaient pour échapper à la maladie. Elle a donc été érigée en plusieurs fois car lorsque la peste s’en allait on suspendait les travaux qui reprenaient avec le retour de l’épidémie.

 

Le château des Alrics :

Construit par le premier des Alrics, Hector Astorge, après son mariage avec Françoise Diez qui apporte en dot la seigneurie de Rousset en 1460. L’architecture du château est composite : certains corps de bâtiment sont du XII-XIIIe siècle, d’autres du XIVe siècle et les aménagements datent de la Renaissance. L’ensemble conserve un esprit défensif mais voit poindre le raffinement de la Renaissance et s’assimile progressivement aux maisons voisines logées dans l’ancien rempart.

 

Le château des Marcels :

C’est le plus ancien des deux châteaux. Il se situe sur le haut du serre Mayol derrière l’église. II tient son nom du dernier seigneur laïc qui en fut propriétaire.

 

Le prieuré :

Le prieuré (à l’angle de l’église), est une belle demeure Renaissance, plus italienne que provençale, à façade faussement symétrique rehaussée par des fenêtres à meneaux. Sur son flan occidental, si le portail en bois est ouvert, vous découvrirez une charmante cour intérieure dans laquelle un auvent est soutenu par une colonne en marbre de Carrare. Le prieuré et les deux châteaux sont des demeures privées. Nous vous recommandons donc de respecter l’intimité de leurs propriétaires.

 

L’église Saint Mayeul :

A l’origine, elle n’était que la chapelle Sainte Madeleine du prieuré. L’église paroissiale primitive Saint Mayeul se trouvait près du cimetière actuel, sur le haut du Serre Mayol, en partie sur le Charbonelon. L’emplacement exact n’est pas connu avec précision. A partir du XVIe siècle, on commence à transformer l’oratoire en petite église, pour les besoins de la population. Le premier agrandissement a lieu en 1509, le second en 1589, et un troisième en 1735. Au XVIIe siècle, l’église paroissiale menaçant ruine, le curé se replia vers Sainte Madeleine. L’oratoire agrandi devint église paroissiale en empiétant au passage sur la cour et les écuries du prieuré. La nef et les chapelles méridionales furent aménagées en 1716, le chœur polygonal en 1733 et le clocher-mur en 1737. En 1736, l’évêque de Die consacre l’église dans ses nouvelles dimensions et la place sous l’ancien vocable de Saint-Mayeul. En 1776 on décide d’abandonner l’église primitive Saint-Mayeul. A l’extérieur de l’église vous remarquerez les marques de tâcherons, le porche ogival, le clocher-mur à trois baies, orné de trois petites têtes malignes sortant de la pierre. Sur le flanc nord, l’escalier de montée au clocher fait le plaisir des humoristes. En effet, comme il est dangereux et étroit une pancarte prévient : «Accès interdit au ciel». Sur le flanc sud-ouest, on jouait autrefois au jeu de paume. Sur le flanc est, on note le raccordement au rempart par une tour ronde contre laquelle s’adosse le chevet. A l’intérieur, dans l’allée sud on remarquera une grande vierge en bois (contre le pilier) et la dalle tombale de «Dom Charles de la Baume, abbé du monastère de la Mansiade » prieur-commandataire de Rousset mort en 1534. Sur l’autel de la vierge, on appréciera un tableau XVIIIe représentant la Remise du rosaire à Saint Dominique et Sainte Catherine. La chapelle nord, vestige d’un fragment de l’ancienne Sainte Madeleine, présente une voûte nervurée avec, en clef de voûte, un écusson armorié, et est ornée d’un tableau de la crucifixion. Le mur nord de la nef est décoré d’un tableau du XVIIe représentant Saint Roch.

 

Les chapelles de Saint-Mayeul :

Léglise initiale « Sainte-Marie-Magdeleine » comprend deux chapelles, Notre-Dame de Grâces à droite de la nef et Notre-Dame de Pitié à gauche (aujourd’hui Saint-Vincent). La 1ère avait été fondée en 1538 par le prieur Charles de la Baume ; il y choisit le lieu de sa sépulture, qui sera aussi celui de la famille des Alrics, seigneurs de Rousset. Sa pierre tombale est aujourdhui adossée au mur. La seconde, dont la clef de voûte porte les armoiries des Alrics de Cornillan, est celle des seigneurs laïques et se situe vers la même époque. Ces chapelles en vis-à-vis ont été intégrées dans la reconstruction partielle de l'édifice au début du XVIIIe siècle.

 

La chapelle Notre Dame de Beauvoir :

Toute blanche, située sur la colline du Charbonel, à plus de 600 mètres d’altitude, le parvis de la chapelle offre un panorama à 360° aux visiteurs courageux qui ont affronté les 20 à 25 minutes de marche depuis le village. Le lieu possède un charme inouï. Al’origine, il y eut un ermitage dont la titulaire avait deux sœurs, elles-mêmes ermites dans d’autres chapelles perchées. Certains situent les deux autres chapelles à Mirabel et à Saint Just (près de Saint Paul), d’autres à Notre Dame de Montceau à Espeluche et Notre Dame de Montchamp à Malataverne. Les trois sœurs communiquaient à l’aide de signaux de fumée. Selon la légende, l’ermite de Rousset avait sculpté dans la pierre une vierge que des bergers retrouvèrent, des années après la mort de l’ermite, enfouie sous la végétation. Ignorant l’origine de la statue, les Roussettois y virent un signe divin et décidèrent d’ériger une chapelle. Le nom de Nostra Domina Belli Visus apparaît dès 1376. Agrandie en 1666, la chapelle fut pillée à la Révolution et fut restaurée et redécorée courant XIXe. Tableaux, autels et statues datent de cette époque. En 1860 une gigantesque statue en terre cuite fut montée à bras d’homme et en 1876 on ajouta le clocher et un abri pour les pèlerins. Un matin de 1907, on découvrit que la cloche avait été déposée du clocher et brisée en trois morceaux. Peu après, on découvrit un carnage : trois statues brisées, la vierge de l’autel lacérée, les tableaux et ex-voto arrachés puis piétinés, et les objets de culte dispersés dans les bosquets. Lensemble dénotait une telle fureur et une telle rage qu’on pensa à une manifestation satanique. De nos jours, Notre-Dame de Beauvoir demeure l’objet d’un pèlerinage à la fin de l'été.

 

Une petite promenade : la Chapelle Notre-Dame de Beauver !

Un peu plus d’un kilomètre, un dénivelé de 200 mètres, 20 à 45 minutes de marche suivant votre condition physique, et découvrez la Chapelle de Rousset-les-Vignes, Notre-Dame de Beauver, telle que décrite par l’abbé A. Dupuy : « Situé entre le mont remarquable de la Lance dont il sert de contrefort, et l'immense plaine qui, du pied de Rousset s'étend jusqu'aux bords du Rhône, ce petit monticule de Beauver offre tous les spectacles grandioses que la nature, se plaçant en contraste et se modifiant sans cesse sous les rayons du soleil qui semblent se jouer à travers les nuages que les vents promènent dans l'espace. » « Du sommet que domine la Chapelle, on ne voit, d'un côté, que forêts, rochers, montagnes, abîmes, tout ce qu'il y a de plus abrupt et de plus sauvage et ce spectacle s'étend à perte de vue sur un horizon de 180 degrés ; de l'autre côté au midi et au couchant, le regard plonge sur une immense plaine dans laquelle sont épars-semés des agglomérations considérables telles que Taulignan, Grignan, Salles, Beaume, Suze-la-Rousse avec son gigantesque château féodal, Mirabel et Piégon, puis au fond du tableau, Avignon, le Pont-St Esprit, les bords du Rhône et les montagnes du Vivarais, le Mézin etc....» « Deux bergers, dit-il, faisant un jour paître leurs troupeaux en ce lieu, découvrirent dans les broussailles une statue de la T.S. Vierge, ce qui donna aux pieux habitants de Rousset la pensée d'y construire un sanctuaire en son honneur ».« Belli visùs, en latin, se dit beau vere en langue provençale qui était l'unique langue vulgaire de l'époque. Or quand le français est survenu il a confondu Beauver et Beauvert, il a négligé le sens primitif du mot qui lui avait été donné soit beauvoir ou bellevue. » En savoir plus ? Au retour, rafraîchissez-vous au «Cercle», sil est ouvert et procurez-vous à la mairie la "Notice sur Notre Dame de Beauver" par l'abbé A.Dupuy.

 

Les armoiries de Rousset-les-Vignes :

Lorsqu’un village ne possède pas d’armoiries, la coutume veut que l'on prenne les armoiries des seigneurs qui ont marqué la vie du village ; ainsi chez nous celles des Alrics. Elles se lisent : « de gueules (rouge), au chevron d'or accompagné de trois croisettes de même, au chef d'argent chargé d'un soleil de gueules », avec pour devise : Tant qu'il luira. On peut remarquer, gravé sur la clé de voûte de la chapelle Saint-Vincent, le blason des Alrics, les derniers seigneurs de Rousset. On y a rajouté un soleil pour constituer les armoiries de Rousset ! Pourquoi ce soleil ? Il s’agit des armoiries de Fernand Diez du Pègue, le premier des Alrics, Hector Astorge épouse Françoise Diez du Pègue qui lui apporte la seigneurie de Rousset (1460).